La chemise, le sous-vêtement universel du 18e siècle en Occident

J’aime beaucoup les néoesthétiques de l’échappatoire comme les historybounding, cottagecore et dark academia. J’apprécie particulièrement intégrer le historybounding (de l’anglais « histoire » et «se diriger vers ») dans ma pratique textile. J’apprécie intégrer des éléments de costume historique à ma garde-robe. Ce n’est pas que j’idéalise le passé ou que je suis nostalgique d’une époque que je n’ai pas connue. En fait, je n’ai rien à envier au passé. Je m’intéresse à ce que mes ancêtres portaient et faisaient. Il y a quelque chose de l’archéologie expérimentale dans ma démarche. J’ai l’impression de me mettre dans la peau des femmes qui vivaient avant moi et pour qui ce passe-temps exceptionnel était une nécessité de tous les jours : la couture. Cette semaine, je vous présente un tutoriel de couture de niveau intermédiaire : je souhaite vous montrer comment coudre des sous-vêtements du 18e siècle.

Au 18e siècle, la chemise était le sous-vêtement de base que tout le monde portait, de jour comme de nuit. Tous les genres et toutes les classes portaient la chemise. On dormait en chemise, par pudeur, pour se garder au chaud et pour protéger les draps de la sueur. Le jour, on la portait pour pour les mêmes raisons. Elle protégeait notre peau de la friction engendrée par les vêtements, et empêchait ceux-ci d’absorber notre sueur. On lavait rarement, voir jamais les vêtements (robes, pantalons, vestes, doublets, etc.) et même certains sous-vêtements comme les corsets. Le lavage les endommagerait. Par contre, on lavait souvent les chemises, qui étaient de toute façon les seules à vraiment se salir, avec les tabliers et les vêtements de travail. On pouvait même changer de chemise plusieurs fois par jour.

Chemise en lin datant du dernier quart du 18e siècle, France.
Don de Mrs. Dudley Wadsworth au MET (1941).

Comment coudre une chemise du 18e siècle

Au 18e siècle, la chemise était une tunique unisexe simple qui couvre au moins la mi-cuisse. Elle était généralement construite avec des morceaux rectangulaires de coton et/ou de lin. La découpe de l’étoffe en rectangles permettait de réduire le gaspillage à presque zéro. Les textiles, c’est cher, et ceux du 18e siècle ne faisaient pas exception.

Tirer le fil pour marquer des angles droits parfaits

Grille de découpe
(cliquez pour agrandir)

Ce que j’aime le plus à propos de ce projet de couture, c’est qu’il ne nécessite l’achat d’aucun patron de couture. Il faut juste couper le tissu en rectangles de diverses dimensions, que l’on peut déterminer soi-même en prenant nos mesures. Plusieurs diagrammes de découpe sont disponibles sur Internet; j’ai néanmoins choisi d’inclure la mienne. Prière de noter que le diagramme n’est pas à l’échelle, et que les mesures données sont relatives à mes propres mensurations. Vous devrez adapter ce patron à vos propres mesures, ce que je vous explique comment faire dans ce tutoriel de couture.

Lorsqu’on a déterminé les dimensions de tous nos rectangles, on peut s’y prendre de 2 manières différentes pour couper le tissu. On peut tracer nos formes avec une règle et un crayon et les découper telles quelles. Par contre, certains tissus plus délicats peuvent bouger beaucoup sous les manipulations, les traits de crayon, etc. Si le tissu n’est pas stable lorsqu’on trace un patron dessus, la pièce sera déformée. Il convient alors de tracer des angles droits parfaits en tirant le fil du tissu.

Pour mon projet de chemise du 18e siècle, j’ai décidé d’utiliser du voile de coton (100%). C’est une étoffe légère et fluide, parfaite pour ce genre de vêtement. Les fils de chaîne (parallèles à la lisière du tissu) sont perpendiculaires aux fils de trame. On obtient une ligne réellement droite en suivant précisément le cours d’un fil. Il est possible de retirer un seul fil en le tirant méticuleusement hors de l’ouvrage, bout par bout. Cela laisse une ligne bien visible qu’on peut suivre avec les ciseaux à tissu, ou, pour plus de précision, avec les ciseaux à broderie. Les fils de chaîne comme les fils de trame peuvent être tirés pour réaliser des angles vraiment droits et des dimensions vraiment précises.

Techniques de couture historiques vs. modernes

On peut facilement suivre ce tutoriel de couture historique à la machine à coudre. Ce vêtement peut être entièrement cousu à la machine, ce qui a l’avantage d’être super rapide. Par contre, cela laisse des coutures visibles. Si on veut des finitions invisibles, il convient de les faire à la main. J’ai choisi de faire le plus de travail possible à la machine à coudre, tant que celui-ci demeure invisible. Mes coutures latérales, par exemples, peuvent être faites à la machine. J’ai utilisé des techniques de couture historiques là où c’était absolument nécessaire afin d’éviter tout fil visible. C’est du travail supplémentaire, et tout à fait facultatif. C’est vraiment pas grave si vos coutures paraissent!

Bonne couture!

Turn subtitles on
Ouvrir les sous-titres


Accessibilité : pour les unilingues francophones qui souhaitent suivre le tutoriel vidéo qui suit ainsi que pour les personnes qui ont des problèmes d’audition, j’ai rendu disponible des sous-titres de bonne qualité en français et en anglais. Vous n’avez qu’à cliquer sur l’icône Paramètres en bas à droite de la vidéo, aller dans les sous-titres, et sélectionner la langue de votre choix.


Comment coudre une chemise du 18e siècle – tutoriel de couture

Tutoriel de couture historique pour la chemise du 18e siècle (anglais, avec sous-titres français).

Plus de tutoriels de couture

Plus de costumes historiques