Après m’être remise de ma première vraie blessure de couture (une bursite à l’épaule), je me cherchais un petit projet de couture pour tester mon endurance. Or, depuis quelques années, je laisse pousser mes cheveux. Malheureusement, ils se cassent beaucoup et poussent mal. Pour limiter les dégâts, j’ai décidé de me coudre un bonnet de nuit en soie, en m’inspirant de l’époque victorienne pour une touche de historybounding. Comme toujours, c’est une belle occasion de vous offrir un petit tutoriel de couture!
Le bonnet : un incontournable à travers l’Histoire
Le port du bonnet, de jour comme de nuit, fut généralisé en Occident depuis le Moyen-Âge jusqu’à la fin du 19e siècle. On en trouve même des exemples dans l’Antiquité avec le pileus, couvre-chef grec qui a inspiré le bonnet phrygien. Les hommes et les femmes de tous âges et toutes classes sociales avaient plein de raisons pour porter le bonnet. On le portait à l’ouvrage, pour empêcher que les cheveux tombent sur le plan de travail. La nuit, on le portait pour protéger nos cheveux des dommages ET pour protéger l’oreiller des huiles corporelles. De plus, le bonnet était un outil de lutte à la propagation des poux et autres parasites.
Le bonnet était cousu de lin, de coton et/ou de laine, dépendamment des besoins et du climat. La soie était parfois aussi utilisée. Le bonnet de soie est aujourd’hui particulièrement prisé chez les femmes noires pour protéger leurs cheveux naturels. Celui-ci est généralement fait d’une pièce ronde de soie cousue sur une bande élastique.
Pour mon propre bonnet de soie, je voulais coudre quelque chose qui s’inscrive dans l’esthétique historybounding. Je me cherchais quelque chose de victorien, ou alors du 18e siècle. Aucun de mes livres de costumes historiques ou ressources de patrons de couture n’offrait le bonnet que je voulais. J’ai fini par trouver un tutoriel de couture victorienne sur le blog Sew Historically à propos d’un « mid-Victorian day cap ». Confiante que cela fonctionnerait tout aussi bien pour un bonnet de nuit, je me suis mise à l’ouvrage.
Faire une toile du bonnet
Je ne saurais trop insister, en tant que créatrice textile, sur l’importance de bâtir des toiles. La toile, maquette, ou encore mock-up, est une copie qu’on fait en tissu brut avant de faire le vrai vêtement. Le bonnet est un vêtement très simple, mais je recommande néanmoins de faire au moins une toile. Ce sera l’occasion de vérifier les proportions et corriger les imperfections. Avant de faire mon bonnet en soie, il m’a fallu deux toiles pour finaliser mon patron.
Construction de mon bonnet de nuit victorien
Le bonnet est composé de deux pièces qu’on peut dessiner soi-même en suivant le tutoriel du blog Sew Historically. La première partie est un long rectangle qui couvre le devant de la tête, d’une oreille à l’autre. La deuxième partie est un carré de tissu qui, une fois arrondi et une fois froncé, formera l’arrière du bonnet. J’ai aussi utilisé du fil de soie ainsi que quelques bouts de ruban tissé de 6mm.
Puisque ma soie est très fluide et difficile à coudre à la machine, le bonnet est entièrement cousu à la main. Tout d’abord, j’ai cousu des ourlets de 6mm tout le tour de ma pièce rectangulaire, en repliant le rebord deux fois. J’ai fait la même chose sur le rebord postérieur du carré formant l’arrière du bonnet. Toutefois, avant de replier mon rebord une deuxième fois, j’ai cousu deux œillets à la main au centre de cet ourlet. En insérant un ruban dans les œillets et en repliant mon rebord une deuxième fois, j’ai formé une gaine de cordon. Pour préparer la pièce à être cousue sur la visière, ses deux coins supérieurs doivent être arrondis. J’y suis allée à l’oeil.
Les bonnets du 18e-19e siècle : un vrai défi de couture
Ce rebord doit être froncé pour être raccord avec la visière. J’ai commencé par ourler environ 2 pouces de chaque côté dans le bas de la couronne, puis j’ai cousu ces rebords sur la visière. Le tutoriel de couture du blogue Sew Historically propose un bonnet d’époque réellement authentique. En effet, on y recommande de froncer ce rebord en utilisant un fronçage roulé fouetté, ou « rolled whip gathers ». Il faut rouler le rebord en faisant une série de points d’ourlet. Ces points d’ourlet doivent eux-même s’enrouler autour du rebord pour former une spirale de fil. Quand on tire sur ce fil, on peut froncer le tissu à la bonne largeur.
Ces fronces roulées fouettées sont un indice probant de la fidélité d’une reproduction de vêtement du 18e et du 19e siècle. Hélas, j’ai vraiment de difficulté avec cette technique. Peut-être que je n’ai pas utilisé le bon fil… Toujours est-il que j’ai tant bien que mal tiré sur mes fils pour obtenir la bonne longueur, pour finalement obtenir une couture avec un fini très inégal. Puisqu’il me reste de la soie pour d’autres bonnets, je ferai mon prochain sans cette fronce spéciale. J’utiliserai ma bonne vieille technique de la double rangée de points droits que je saurai parfaitement réguliers. On peut voir un exemple de cette technique ici. Si j’utilise cette technique, je dirais que c’est un projet de couture facile.
Tutoriel de couture facile : le bonnet de nuit victorien
Pour les unilingues francophones qui souhaitent suivre le tutoriel vidéo qui suit ainsi que pour les personnes qui ont des problèmes d’audition, j’ai rendu disponible des sous-titres de bonne qualité en français et en anglais. Vous n’avez qu’à cliquer sur l’icône Paramètres en bas à droite de la vidéo, aller dans les sous-titres, et sélectionner la langue de votre choix.